Nous avons fait notre chemin jusqu’à la vieille ville de Panamint City, une collection de vieux édifices (quelques-uns plutôt terrifiants), qui constituaient auparavant une ville minière. À partir de ce point, ce fut un chemin escarpé, en-dehors des sentiers, à travers un canyon, jusqu’au sommet du col de Panamint, une élévation d’environ 8 000 pieds. Nous étions heureux d’être arrivés à ce point, environ 3 heures plus tard, mais nous savions que les sections les plus difficiles étaient à venir! La vue au loin de la Vallée de la Mort et de notre prochain col de montagne était folle (dans le bon sens), et les vues de la basse vallée d’où nous arrivions, étaient également splendides. Cet endroit est mortel mais absolument magnifique.
Après une courte pause, nous avons commencé à naviguer la route la plus sûre à partir du col de Panamint jusqu’au canyon Johnson. Il n’y avait pas de sentier, que des pentes massives, escarpées et parsemées d’éboulis, traversant de hautes forêts et des cactus, se terminant parfois par des falaises et des dénivellements que nous ne pouvions voir d’en haut. C’était un peu effrayant d’essayer de rester concentrés pour ne pas chuter d’une de ces falaises. Nous prenions notre temps à chaque pas, nous étions prudents. Et puis, la folie a commencé…
Je savais, quand nous avions fait les recherches sur notre route, qu’il y aurait une végétation dense au sommet du canyon Johnson, mais je ne m’attendais pas à ça. Will et moi nous sommes butés à une haie haute de 5 pieds, une variété de végétaux tranchants et épineux, quasi impénétrables, qui avaient pour mission de nous tenir le plus éloignés possible. Nous avons fait de notre mieux pour passer au travers, et avons passé énormément de temps à grimper précairement sur les flancs de falaise contre lesquels la végétation s’était agrippée. Occasionnellement, si nous étions chanceux, nous trouvions une piste, mais la plupart de notre temps a été passé à s’accrocher au rocher.
Au moment où nous allions bientôt être à court d’eau (il faisait vraiment chaud), nous sommes tombés sur une autre section de végétation d’environ un mile de long. Elle était dense, comme un tapis de vignes, couvrant le canyon comme un grand tapis vert de 5 pieds de profond et tissé très serré. Dessous, nous pouvions entendre l’eau ruisseler. C’est cette eau que nous voulions atteindre. Will s’est risqué en premier et quand il a fait un petit trou dans le tapis de verdure avec son bâton, il a réalisé que l’eau était environ à 4-5 pieds SOUS lui. Il était littéralement suspendu par cette végétation de fou! J’étais parti dans une direction différente et j’avais trouvé un endroit plus accessible afin que nous puissions filtrer l’eau de la rivière. Nous avons donc rempli nos bouteilles et avons continué à nous écorcher les jambes sur ces plantes coupantes et emmêlées.
Nous sommes passés au travers les ruines restantes (majoritairement de vieux murs de briques et rien d’autre) de la ville abandonnée de Hungry Bills Ranch, qui, après plusieurs heures à nous dire que n’aurions jamais dû entreprendre cette traversée, fut un grand soulagement, un semblant de retour à la civilisation. Nous étions loin de nous douter qu’un autre mile de végétation dense débutait juste devant nous. Il y avait, dans cette dernière section de densité, quelques traces d’animaux qui manifestement, avaient traversé les 5 pieds de verdure. Quand j’ai regardé dans ce tunnel vert afin de voir si nous pouvions passer, un serpent à sonnettes s’est frayé un chemin dans une des traces, se ruant directement vers moi! La queue retentissant, je jure qu’il me regardait droit dans les yeux (moi, le Canadien apeuré qui ne voit jamais de serpent à sonnettes chez lui!).
Will ayant beaucoup d’expérience avec les serpents, il m’a calmement avisé de reculer tranquillement, sachant très bien dans quelle direction le serpent s’en venait. Malheureusement, le serpent a glissé dans le buisson que nous devions emprunter.
Avec les serpents et les épais buissons derrière nous (ainsi que plusieurs rencontres de justesse avec des essaims d’abeilles), nous avons quitté le canyon en empruntant une piste 4x4 et avons commencé à descendre rapidement vers le bassin de la Vallée de la Mort. C’est à ce moment que nous avons entendu un grondement… et soudainement, nous étions au centre d’un tremblement de terre! Le sol a commencé à trembler violemment et la chute de roches provenant des montagnes et des parois du canyon autour de nous était effrayante… Nous avons su plus tard que nous étions environ à 20 miles de l’épicentre.
Nous avons rencontré mon ami Jon Golden pour la première fois. Jon photographiait les paysages de la Vallée de la Mort pendant que nous effectuions notre traversée. Nous avions eu l’idée de nous rencontrer éventuellement à des cachettes accessibles afin qu’il puisse prendre quelques photos de nous.
Will et moi nous sommes arrêtés à notre cachette après une journée exténuante, approximativement 13 heures dans notre transect, et avons sorti notre glacière d’entre les rochers (qui n’était pas froide du tout à l’intérieur). Notre réserve de nourriture et nos provisions pour la prochaine partie du voyage étaient cachés à l’intérieur, ainsi que quelques autres items tels que des comprimés d’hydratation XACT ELECTROLYTES et des sachets de café instantané. Nous avions de la soupe miso avec de l’huile de noix de coco. Nous n’avions pas de poêle pour réchauffer l’eau mais l’eau que nous traînions dans nos gourdes l’était suffisamment! Mes jambes brûlaient de toutes les lacérations faites sur les plantes sauvages alors nous avons utilisé un peu d’eau afin de les nettoyer et garder les plaies propres.
La prochaine section consistait à traverser le bassin de la Vallée de la Mort, en direction de Badwater. Nous connaissions bien cette région pour y être déjà passés lors de notre traversée Nord-Sud, ce qui signifiait que nous anticipions déjà le scénario le pire. Les salants au milieu de la Vallée de la Mort peuvent être remplis de ruisseaux d’eau salée, de boue chaude et profonde à traverser. Will s’est occupé de la navigation de cette section et nous avons travaillé ensemble afin de déterminer le meilleur chemin à utiliser pour traverser de façon sécuritaire. Il était 1 heure du matin à ce moment-là, mais il faisait encore très chaud à l’extérieur. « C’est la Vallée de la Mort! Tu t’attendais à quoi?” pensais-je.
Nous avons traversé plus rapidement qu’estimé et avons rejoint la route de Badwater ainsi que notre prochaine cachette. Les stocks remplis, nous avons décidé de nous reposer un bon 45 minutes avant d’attaquer notre prochain défi, les montagnes Amargosa jusqu’au col du canyon Sheep. Nous nous sommes étendus sur la gravelle sur le côté de la route. Le simple fait d’être à l’horizontal pendant un petit bout était vraiment génial.
Il faisait encore nuit quand nous avons fait nos premiers pas vers l’entrée du canyon Sheep, sur ce qui “aurait” pu être la partie la plus frustrante de l’expédition : des rivières sèches extrêmement rocailleuses et des canaux… aucune consistance de terrain, juste un martèlement total sur nos pieds et nos jambes fatiguées. Garder l’équilibre était difficile, ce n’était pas un endroit où nous voulions perdre pied. Mais nous connaissions déjà ces conditions vu notre expédition précédente dans la Vallée de la Mort.
Le soleil s’est levé et instantanément, nous avons eu le sentiment qu’il faisait un million de degrés. Et c’est à ce moment que nous avons réalisé que nous faisions face à un haut risque de déshydratation. J’étais en charge de la navigation à ce point et heureusement, j’ai réalisé que nous venions de dépasser, par quelques 100 mètres, un petit virage étroit vers un canyon que nous devions prendre. Nous avons rectifié le parcours et nous nous sommes dirigés à travers les parois chatoyantes du canyon, avons grimpé sur les cascades sèches, en chemin vers le col plat.
Quelques-unes de ces cascades sèches possédaient quelques éléments plutôt techniques et étaient légèrement exposées. Sachant que nous étions fatigués, nous avons pris notre temps afin de la traverser de façon sécuritaire. Lors des derniers kilomètres vers le canyon Sheep, nous commencions vraiment à ressentir la chaleur… comme si le canyon était un fourneau, toutes les parois projetant leur chaleur sur nous.
Se rendre au col plat nous demanda une tonne d’effort. Les éboulis étaient lousses et le terrain était escarpé. Nous prenions des pauses fréquentes, et une fois rendus, nous avons encore une fois pris quelques minutes pour nous reposer, boire et manger un peu avant de continuer. Après la descente dans la prochaine vallée, nous avons emprunté une série de pistes 4x4, ce qui en théorie aurait signifié une fin « facile » en comparaison à ce que nous venions d’entreprendre… mais la Vallée de la Mort avait encore une fois, d’autres plans pour nous.
La chaleur nous accablait et nos réserves de fluides étaient basses. Nous avions planifié et nous étions préparés au meilleur de notre connaissance pour toutes les situations, mais il n’y a pas de garanties dans une aventure telle que celle-ci. Et la Vallée de la Mort a prouvé encore une fois qu’elle porte bien son nom.
Et avec seulement quelques kilomètres à faire avant notre prochaine cachette, Will et moi avons discuté la très réelle possibilité d’une situation d’urgence. Nous ne voulions pas mourir ici. Nous avons donc décidé de nous avancer tranquillement et avec un peu d’espoir, rencontrer Jon, qui empruntait également la piste 4x4, depuis la direction opposée.
Quelques kilomètres plus tard, j’ai aperçu mon vieil ami!!! Nous avons bu notre eau à grandes gorgées et doublé nos rations de comprimés d’hydratation XACT ELECTROLYTES, nous assurant de donner à notre corps un maximum de sodium et de minéraux supplémentaires. Nous nous sentions comme de la merde, mais nous savions qu’ensemble, nous pouvions y arriver. Nous avons atteint notre dernière cachette, pris un virage vers la droite sur une route gravelée, puis tournez à gauche pour continuer sur la piste 4x4 jusqu’au col Deadman pour finir notre transect.
La réalisation que je n’avais plus à avancer a été un énorme soulagement. Ne vous méprenez pas, je le fais parce que j’ADORE cela… mais j’étais également si exténué que j’étais bien heureux que ce soit enfin terminé.
Notre transect nous a pris approximativement 35 heures à compléter et bien que ce fut assurément hyper difficile à accomplir, nous nous sommes également éclatés durant ce défi. Travailler ensemble afin d’arriver à un but commun, dans des conditions qui nous semblaient parfois impossibles, en valut réellement la peine. De prendre des décisions critiques et de devoir compter l’un sur l’autre, de littéralement confier sa vie à l’autre, a encore une fois solidifié nos 14 années d’amitié. Et c’était la meilleure partie de cette aventure.
Ray décrit leur stratégie d'hydratation (en anglais)
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